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  • Photo du rédacteurSidonie

Easter Rising, qu'est ce que c'est ?


Mural centenaire Easter Rising à Belfast (Stuart Borthwick)


Aujourd'hui je vous retrouve pour vous présenter un évènement qui a été un tournant dans l'Histoire de l'Irlande et de son indépendance : Easter Rising ou l'Insurrection de Pâques de 1916.



 

Contexte Général


Pourquoi l'Insurrection de Pâques a eu lieu à ce moment ? Comment cela s'est passé ? Je vous explique tout ça dans cette première partie.


L'Irlande est à ce moment rattachée au Royaume-Uni par l'Acte d'Union de 1800. Concrètement, elle n'a plus de Parlement à Dublin et les affaires d'Irlande sont donc gérées à Westminster avec toutes les autres affaires des autres régions du Royaume-Uni. Cet évènement a eu lieu après la rébellion de 1798, où les Irlandais se sont battus pour leur indépendance. En représailles, le gouvernement britannique a créé cette loi et a fermé le Parlement de Dublin (qui est maintenant le bâtiment de la Bank of Ireland, en face de Trinity College).

Plusieurs mouvements ont tout de même eu lieu pour retrouver le « Home Rule » (Parlement à Dublin), avec Daniel O'Connell ou encore Charles Stewart Parnell. Le mouvement de Daniel O'Connell a également permis à des catholiques d'être élus dans un Parlement à majorité protestante.





Malgré une volonté des Irlandais à regagner le « Home Rule », le Parlement britannique tarde à annuler l'Acte, cela échoue plusieurs fois à la fin des années 1800. Puis une décision est prise pour que l'Irlande regagne son Parlement en 1914 (loi votée en 1913). Mais 1914, marque le début de la Première Guerre Mondiale et une nouvelle attente de la part des Irlandais. Certains perdent patience et créent des milices pour défendre leur souveraineté et indépendance.

Le Irish Republican Brotherhood, une organisation secrète révolutionnaire, cherchant l'indépendance de l'Irlande, commence à planifier l'Insurrection de Pâques. Pendant cette planification et l'Insurrection ils sont également rejoints par les Irish Volunteers, l'Irish Citizen Army et l'organisation féminine Cumann na mBan.


Le IRB (Irish Republican Brotherhood) cherche un support en armes et donc un support militaire. A cause de/Grâce à la Première Guerre Mondiale, ils en trouvent du côté de...l'Allemagne ! (L'ennemi de mon ennemi est mon ami...) Roger Casement (un nationaliste irlandais) réussit même à arranger une livraison d'armes et de munitions pour les rebelles juste avant l'Easter Rising. Malheureusement pour eux le bateau est repéré par les anglais, l'équipage est fait prisonnier. Les armes sont confisquées et Roger Casement est arrêté sur la plage de Banna dans le comté de Kerry. Il sera jugé et reconnu coupable de trahison, il est pendu le 3 août 1916.


L'Easter Rising prévu par le Conseil de Guerre de l'IRB devait s'étendre à tout le pays, l'arrestation de Casement et la confiscation des armes a tout remis en cause. L'Insurrection devait avoir lieu le Dimanche de Pâques. Le dirigeant des Irish Volunteers, Eoin MacNeill était contre la poursuite de la rébellion et en a fait part à Patrick Pearse (futur chef du gouvernement républicain autoproclamé). Il a d'ailleurs prévenu les Irish Volunteers via le journal Irish Independent : « il n'y aura ni parades, ni marches, ni autres mouvements de la part des Irish Volunteers » et via Michael O'Rahilly qui a fait le tour de l'Irlande en voiture pour prévenir les autres factions des Irish Volunteers.


Les principaux commanditaires de l'Insurrection, dont Patrick Pearse, ont tout de même décidé de lancer cette rébellion après des discussions le dimanche. Le lundi, ils allaient attaquer. Il était trop tard pour rappeler les Irish Volunteers. Il y eut tout de même près de 1 600 personnes qui les ont rejoint pendant ces combats à Dublin.



 

Les 6 jours de l'easter rising


Journée 1 : Lundi 24 avril

A midi, les rebelles arrivent dans le centre de Dublin et commencent à prendre les places fortes de la ville : GPO (General Post Office), Boland's Mill, South Dublin Union, l'usine Jacobs, le City Hall et d'autres bâtiments. Néanmoins ils n'arrivent pas à prendre le château de Dublin (QG de l'administration britannique).



Proclamation lue par Patrick Pearse


Les 7 signataires de la Proclamation de la République ont installé leur QG au GPO. Patrick Pearse lit la Proclamation de la République d'Irlande sur O'Connell Street devant le General Post Office. Occuper la Poste Centrale de Dublin était un choix stratégique dans la transmission d'informations entre Dublin Castle et Londres. Cette première journée annonce également l'arrêt des transports et la diffusion des informations.



Drapeau installé après la prise du GPO

De nombreux pillages commencent dans la ville, notamment autour de O'Connell Street. Les représentants du gouvernement britannique présents à Dublin, ne se rendent pas tout de suite compte de la situation. Ce n'est que dans la nuit qu'une troupe est envoyée occuper le Shelbourne Hotel à côté de St Stephen's Green pour surveiller les forces rebelles.


Journée 2 : Mardi 25 avril

Les forces du gouvernement britannique arrivent par train de Belfast et du Curragh. Lord Wimborne, un des derniers Lord Lieutenant de Dublin, déclare la loi martiale.


Les soldats du gouvernement britannique reprennent le City Hall et les bureaux du Daily Express. Ceux en place au Shelbourne Hotel arrive à délocaliser les rebelles présents à St Stephen's Green pour le Royal College of Surgeons.


Le Capitaine Bowen-Colthurst (souffrant certainement de syndrome post-traumatique) arrête trois civils (innocents), dont Francis Sheehy Skeffington et les fait exécuter le lendemain matin.


Journée 3 : Mercredi 26 avril

A 8h du matin, les forces gouvernementales britanniques attaquent aux tirs d'obus Liberty Hall, là où les rebelles ont fait imprimer la Proclamation de la République d'Irlande.


Les rebelles postés à Four Courts se rendent à cause d'un manque de munitions.


Des troupes venant d'Angleterre arrivent à Dún Laoghaire pour aider les forces britanniques. Les civils irlandais les accueillent plutôt chaleureusement avec de la nourriture pendant qu'ils se dirigent vers le centre. A leur arrivée à Mount Street Bridge (un peu avant le centre-ville), ils sont arrêtés par les rebelles qui leur tirent dessus. Une grande partie de cette garnison est tuée à cet endroit.


Les combats continuent autour du GPO et de O'Connell Street (d'ailleurs des traces de balles sont encore visibles dans certains bâtiments et monuments).



Le Général Maxwell est envoyé de Londres à Dublin pour gérer cette crise et l'arrêter.


Journée 4 : Jeudi 27 avril

Cette 4e journée est la journée charnière du conflit. En effet, la ville est littéralement à feu et à sang. Les forces gouvernementales ont réussi à entacher les lignes de communication des rebelles.


James Connolly (un des signataires) se prend le ricochet d'une balle dans la jambe et est grièvement blessé.


Le Secrétaire en Chef de l'Irlande, Birrell arrive à Dublin en ce jeudi mais il n'a plus de contrôle puisque les militaires ont maintenant le contrôle à cause de la loi martiale.


journée 5 : Vendredi 28 avril

Le Général Maxwell arrive à Dublin tôt dans la matinée. Ce même matin, Patrick Pearse fait une déclaration comme quoi l'Insurrection était bientôt terminée et que les rebelles allaient gagner ce combat « même s'il devait le gagner en mourant ».


Le soir même, le GPO est en feu, ce qui force les 7 signataires et les personnes occupant le bâtiment de se réfugier dans des maisons situées dans la rue derrière le GPO.


Un combat intense a également eu lieu dans la zone de North King Street entre les forces britanniques et les rebelles.


Journée 6 : Samedi 29 avril

5 membres du Gouvernement provisoire qui étaient au GPO le soir précédent décident de négocier des conditions de reddition. Elizabeth O'Farrell (infirmière et membre de Cumann na mBan) est désignée comme messagère. Elle livre le message de capitulation sans conditions au Général Lowe.


Cette capitulation est acceptée, Patrick Pearse se rend alors l'après-midi même. Les blessés du GPO sont conduits à l'hôpital Rotunda pour la nuit.


Patrick Pearse capitulant

Les dernières forces rebelles présentes au Four Courts se rendent également plus tard dans la journée.



 

Fin et conséquences


Après cette capitulation sans conditions, tous les signataires et leaders de l'Insurrection de Pâques sont emprisonnés et jugés sous loi martiale. 16 d'entre eux seront exécutés, à partir du 3 mai. 14 à Dublin (jugés sous Cour Martiale au Richmond Barracks), 1 à Cork et le dernier à Londres.





Exécutés à Kilmainham Gaol :

  • 3 mai : Patrick Pearse, Thomas Clarke et Thomas MacDonagh

  • 4 mai : Edward Daly, Joseph Plunkett, Michael O'Hanrahan et Willie Pearse (frère de Patrick Pearse)

  • 5 mai : John MacBride

  • 8 mai : Con Colbert, Eamonn Ceannt, Michael Mallin et Sean Heuston

  • 12 mai : Sean MacDiarmada et James Connolly (toujours blessé à la jambe et ne pouvant se lever, il a été exécuté assis sur une chaise)

Exécuté à Cork :

  • 9 mai : Thomas Kent

Exécuté à Londres :

  • 3 août : Roger Casement (il a été le dernier à avoir été exécuté, son procès a été ouvert au public)

Cette Insurrection a définitivement fait changer l'opinion publique. En effet, avant l'Easter Rising, la majorité des Irlandais était pour un « Home Rule » mais ne souhaitait pas être totalement détaché. La manière dont ont été traitées les personnes ayant pris part à l'insurrection ou des civils accusés à tort a changé cette opinion. De plus, dans cette psychose qu'une nouvelle insurrection ne se refasse le Général Maxwell avait décidé d'exécuter 97 autres personnes.

Le Parlement britannique à Londres, voyant l'opinion publique changée, est intervenu à temps pour changer ces exécutions en sentence à vie. Cette décision aurait pu sauver la vie de Seán MacDiarmada et James Connolly, mais Maxwell les a tout de même fait exécuter, sous justificatif qu'ils faisaient partie des leaders du mouvement.


De plus, le nombre de morts et blessés lors de ces combats a été colossal. Selon l'agence de statistique irlandaise (cso.ie) :

  • 429 personnes sont décédées : 116 militaires, 3 policiers et 310 civils.

  • 2 582 personnes ont été blessées : 367 militaires, 7 policiers et 2 208 civils.

Il y a eu également des personnes arrêtées : celles ayant participé à l'Easter Rising, celles ayant eu des connexions avec l'insurrection ou encore celles étant au mauvais endroit au mauvais moment... Toujours selon le CSO, 1 784 personnes ont été arrêtées et/ou jugées en Cour Martiale ou non.

  • Jugés en Cour Martial :

    • 14 hommes ont été jugés coupable et exécuté

    • 72 hommes et 1 femme ont été jugés coupable et condamnés à de la prison ou aux travaux forcés (là plutôt de l'emprisonnement à vie)

    • 1 homme a été jugé non coupable


  • Arrêtés mais non jugés en Cour Martial :

    • 944 hommes et 3 femmes ont été internés

    • 1 homme et 2 femmes ont été condamnés à résidence en Grande Bretagne

    • 676 hommes et 70 femmes ont été relâchés

Les prisonniers du mouvement Easter Rising ont ensuite tous été graciés et relâchés en juin 1917.



O'Connell Street après les combats

J'espère que ce premier article sur l'Easter Rising vous aura plu et que vous avez pu en apprendre plus sur cet évènement. A votre avis, quel sera le prochain article en lien avec l'Easter Rising ? Vous avez des idées ou des envies particulières ? N'hésitez pas à m'en faire part dans les commentaires !

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